Les amours tragiques de Pyrame et Thisbé - Benjamin Lazar @ Théâtre de l'Athénée

Publié le par Gwendal

L'histoire est connue grâce à Ovide, puis Shakespeare, qui en fait la pièce dans la pièce de son Songe d'une Nuit d'Été (et plus récemment encore Genet) : un amour contrarié, un trou dans le mur, un rendez-vous la nuit, un lion, une méprise tragique, un double suicide... C'est ici la version de Théophile de Viau qui est proposée. Comme pour les Aventures de son contemporain Cyrano de Bergerac (dans cette même salle l'année dernière, chez l'excellente maison Alpha pour le disque), Lazar a choisi de ressusciter le français tel qu'on le parlait au XVIIème siècle : les R sont très roulés, les S et les T qui ferment les mots sont dits et appuyés, l'effet de cette belle langue sonore est d'abord surprenant et ridicule mais passé les premières minutes (et les premiers départs de spectateurs), se crée un rythme ; de même que pour le jeu volontiers outré, les grands cris et les poses grandiloquentes, qui rendent, d'une certaine façon impossible tout jugement sur la qualité de ce jeu.

Au contraire, le décor use d'une idée d'une très belle simplicité : de grands rangs de porte-bougie noirs, qui sont au fil des scènes tournés pour que leur lumière, pour l'essentiel cachée du spectateur, éclaire les visages des acteurs d'une crudité caravagesque. Les costumes sont splendides, et parviennent à impressionner par leur richesse tout en restant dans une gamme de crèmes et de noirs.

Le texte de Viau a vécu, mais reste frappant, comme les éclairages, par sa crudité : ce sont les passages les plus politiques qui font le plus rire le public, mais j'ai vu des femmes d'un certain âge réarranger leurs cheveux ou frissonner à une évocation des ravages de l'âge qui ne fait pas mauvaise figure à côté de la Belle Hénaudière de Villon.

Publié dans Théâtre

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