Iron Man - Jon Favreau

J'aime bien les films qui s'annoncent comme de gros navets, parce que ce sont ceux qui ont la plus grande capacité à surprendre : prenez Wolfman par exemple. Ce premier Iron Man, par contre, tient toutes ses promesses : dans le rôle principal, Robert Downey continue à considérer qu'il est suffisamment beau gosse pour se dispenser d'apprendre à jouer, et le réalisateur que quand on a autant de stars, la direction d'acteurs ne sert à rien - même Jeff Bridges, crâne rasé pour l'occasion (les méchants du film ont le crâne rasé pour faciliter le travail du spectateur), que j'aurais plutôt tendance à absoudre de beaucoup de choses. Les scénaristes ont réussi à caser quelques grosses scènes de baston entre robots et beaucoup de pyrotechnie au début et à la fin du film, et décidé de passer le reste du temps en pause café. La réalisation est brouillonne, et a pour seul mérite de nous épargner la plupart des gros effets auxquels les productions actuelles nous habituent.

Iron Man, dans la guéguerre qui opposait les deux maisons, était la réponse de Marvel au Batman de DC Comics (Iron Man et aussi Moon Knight, ce dernier étant confiné aux limbes de l'histoire du comics pour encore un moment) : pas de superpouvoirs, mais la maîtrise technologique et une panoplie de gadgets invraisemblable. L'ennui, c'est qu'il a toujours été un peu pâlot ; les productions récentes sont affligeantes, et ce n'est pas en lui collant sur le dos une intervention en Afghanistan et un pseudo-message sur les perversions des valeurs américaines à l'occasion de cette guerre (le film, d'ailleurs, se garde prudemment de prendre une vraie position), qu'on peut espérer lui voir prendre de l'épaisseur. Il y aurait pourtant quelque chose à faire avec une lecture moderne d'Héphaistos, ou une exploitation un peu fine de cette histoire d'homme qui "manque de coeur". Mais les producteurs ont préféré pondre une bouse. C'est dommage (un peu, on ne va quand même pas pleurer sur le sort d'un concurrent de Batman).