Bram et Geer Van Velde @ Musée des Beaux-Arts de Lyon

Publié le par Gwendal

Pendant ce temps, à Lyon : le Musée des Beaux-Arts de cette ville est non seulement un endroit très agréable qu'il s'agisse de se reposer dans le jardin ou de déjeuner sur le pouce, c'est aussi une belle collection permanente, et des espaces d'exposition "comme on aimerait en voir plus souvent" - traduisez, clairs et lumineux, laissant du recul sur les toiles, et permettant des parcours relativement libres à travers l'exposition. Une caractéristique parfaitement exploitée ici, qui incite le visiteur à passer d'un frère à l'autre, à revenir sur ses pas, à tourner un peu, avant de recommencer à avancer... Par exemple pour suivre l'histoire parallèle de ces deux frères hollandais ayant vécu bonne part de leur vie à Paris, et parvenus sur le tard à la reconnaissance - après beaucoup de recherche pour tous deux.

 

C'est une peinture austère et dans laquelle il est difficile de "rentrer", un niveau d'abstraction correspondant bien à ces deux hommes que leurs contemporains ont décrit comme entièrement tournés vers l'intérieur ; sur la fin de leurs carrières des cristallisations ont lieu, Bram l'aîné va se concentrer sur des compositions tourmentées et totalement abstraites à base de gris francs et de rouges sombres, tandis que Geer va atténuer sa palette et rester sur des compositions plus cubistes dans l'esprit. On suit ces deux cristallisations parallèles au long des salles, sans pouvoir mettre le doigt sur un instant décisif tant il semble que les deux mouvements soient progressifs et lents, et d'ailleurs les deux peintures ont quelque chose de minéral ; du coup, le visiteur rétif à ce genre de peinture se raccroche à quelques branches, comme ces peintures de jeunesse de Bram où le regard des paysans perce le paysage de neige, et plus encore à cette poignée de toiles de bord de Méditerranée signées par Geer. On imagine des personnalités, l'aîné plus violent et tourmenté, le cadet plus apaisé ou simplement timide. C'est une belle exposition sur deux peintres qui ont lentement, très lentement, mûri, une exposition qui vient assez justement rappeler que même la plus absolue abstraction ne peut se limiter au hasard de quelques taches sur la toile.

 

(c'est aussi le contraire exact de l'exposition Soulages, pour laquelle ce dernier a tellement tenu à n'exposer que les achèvements, sans rien laisser voir des tâtonnements)

Publié dans Expos

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