Rosemary's Baby - Roman Polanski

Publié le par Gwendal

Polanski a réussi à pas mal faire parler de lui ces derniers temps, et son Ghost Writer n'a pas l'air d'avoir la fantaisie qui a fait son succès de la grande époque du Bal des Vampires ; c'est cette fantaisie qu'on retrouve ici, mêlée àquelque chose de plus malsain qui provient des premiers films tendus et sombres de ses années noir et blanc. Cassavettes a une belle tronche, qui me donne envie de voir plus de ses films d'acteur (je le connaissais surtout comme réalisateur) ; Mia Farrow, que je n'ai pas l'habitude de voir sans Woody Allen dans les parages, a un visage de poupée parfaite sur un corps d'adolescente anorexique. Fragile, manipulée, on ne peut s'attendre à voir beaucoup de volonté émerger de ce corps-là.

 

Il m'a toujours semblé que le film d'horreur était l'équivalent pour le cinéma du "miroir de sorcière" des esthéticiennes : une déformation monstrueuse, mais qui ne fait jamais que mettre en avant une certaine réalité. Le cinéma d'horreur révèle les grains de beauté, les boutons, les irrégularités d'une société tâchant tant bien que mal de s'afficher avec une belle peau lisse ; et Polanski s'est attaché ici aux fantasmes autour de la maternité, plus précisément la grossesse, qui est déjà une forme de possession...

Voilà donc nos deux jeunes tourtereaux à New York, emménageant à côté d'un encombrant couple de retraités bizarres, fouineurs, excentriques, très mal fagotés, et pour tout dire très envahissants ; Polanski ne cherche pas à faire monter la tension progressivement, il construit son système par petits morceaux (même méthode que le Bal des Vampires), s'offre quelques cadrages très drôles mais sans insister, joue avec le spectateur qui ne sait pas s'il doit danser sur le pied du comique ou celui de l'horreur (ou au moins du fantastique).

La réponse sera donnée à la fin : les deux, bien sûr - et c'est précisément cela qui est monstrueux.

Publié dans Films

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