Letter from an unknown woman - Max Ophüls

Publié le par Gwendal

Ophüls adapte Zweig : techniquement sublime (décors, costumes, chaque plan est un chef-d'oeuvre miniature), porté par une actrice au sommet (Joan Fontaine), c'est l'affrontement entre l'homme égoïste, trop occupé de lui-même pour ne pas remarquer qu'il est en train de passer à côté de la seule qui puisse "l'aimer et le comprendre" (cue Verlaine).

Dans Sum, David Eagleman imagine un au-delà dans lequel on doit vivre au quotidien avec toutes les versions de soi qui ont fait d'autres choix, meilleurs ou pires, et c'est ce que propose Lisa à Stefan dans cette lettre écrite sur son lit de mort. Le film est totalement tragique, dans le sens où Lisa est consciente de ne pas avoir le choix, quand bien même elle réalise l'égoïsme de Stefan ; seul ce dernier a eu une opportunité de l'attraper au vol, et ne l'a pas saisie.

 

Quelques remarques comme ça :

- ce film manque de profondeur comme, me semble-t-il, tous les films noir et blanc. Il s'agit ici de profondeur de champ : tandis qu'aujourd'hui les films usent (et abusent) de premiers plans très nets tranchant sur des arrière-plans très flous, avec des inversions brutales pour déplacer le regard du spectateur, rien de cela ici. Du coup, le regard fonctionne plus comme par rapport à une scène de théâtre ; effet renforcé par les décors, totalement irréels - une Vienne de fantasmes et de carton-pâte, une Vienne de souvenirs idéalisés, dans laquelle les passions, débarrassées de contraintes trop marquantes, peuvent s'exprimer plus totalement, plus absolument.

- il y a une très belle scène dans une cabine de train immobile, tandis que des décors (Venise, la Suisse) défilent derrière la fenêtre. Je ne sais pas à quel point ce genre d'attractions fut populaire, mais elle est probablement à ranger avec les cabines d'écoute visibles dans l'Atalante ou les panoramas qui furent brièvement à la mode (mais nous donnèrent le Théâtre du Rond-Point). Rétrospectivement, ce sera drôle, dans quelques décennies, de revoir les films contemporains qui mettent en avant le dernier téléphone portable dans la main de James Bond ou autre.

Publié dans Films

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