Un prophète - Jacques Audiard

Nous y sommes donc allés, portés par la critique unanime, la pluie de Césars, etc etc. Et avec une certaine jubilation : à trop vouloir brasser (et Dieu sait qu'ici, ça brasse, entre l'univers carcéral et celui des petites frappes, fantômes et soufisme, arabes et corses, perditions et rédemption...), il était normal de se prendre un peu les pieds dans le tapis. Pas de ça ici : les fils solidement en main, chaque scène est passionnante. On peut regretter un certain misérabilisme, mais il s'agit hélas de montrer la prison telle qu'elle est, loin des grandes enfilades grises et hygiéniques des classiques films d'évasion. Et Audiard refuse de laisser trop de réponses évidentes, abandonnant son film sur une énigme : mais après tout, le propos du film est strictement cadré à l'entrée et à la sortie de prison de son personnage.